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Objectif : Aventure!
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22 août 2006

12.08 au 14.08 : Contamanà

Lorsque nous nous sommes rencontrés, Sebastián m'a longuement parlé des pouvoirs des plantes qui s'expriment à travers le Chamán; et les personnes que j'ai rencontrées depuis mon arrivée dans la région n'ont pas cessé de me vanter les mérites d'une plante hallucinogène nommée Ayahuaska. Elle nous plonge dans une transe profonde, et avec l'aide d'un Chamán compétent comme l'est Avelardo, serait capable de miracles. Cela a évidemment éveillé ma curiosité et je me suis décidé à tenter l'expérience, mais plutôt que de le faire ici même dans une pièce peu avenante, Sebastián à l'idée de le faire dans la jungle, au plus près de la nature.

Avelardo, lui, s'en fout totalement; il serait capable de le faire au sommet de la Tour Eiffel du moment qu'il y règne obscurité et silence relatif. Cependant, bien qu'il n'en laisse rien paraître, je vois bien dans ses yeux malicieux que l'idée de faire un petit voyage l'excite comme un gamin, même si pour un pauvre Péruvien il s'est beaucoup déplacé pour son travail. Une bonne occasion pour lui de prendre un grand bol d'air, loin de ses fils qui lui causent pas mal de soucis même si dans le fond ce sont de bonnes personnes; il faut dire que par ici l'argent facile est une grande tentation. Nous sommes proches de la frontière colombienne et l'argent de la drogue est visible un peu partout pour un oeil exercé. Le port est maintenu dans un état de désorganisation totale pour faciliter le trafic, alors que la ville de Pucallpà elle-même se développe à un rythme insolent et peu en phase avec sa situation géographique. Pendant ce temps, un des fils d'Avelardo croupit en prison depuis 5 ans, les autres ont tous plus ou moins été impliqués dans le trafic de drogue, son beau-frère s'est fait descendre en Colombie pour avoir eu les dents trop longues, ce qui a amené les flics à le conduire au poste menottes au poignets. Et c'est ainsi qu'il a découvert que sa propre femme trafiquait dans son dos! La honte pour un Chamán...

Avelardo

Le terrible stress quotidien d'un grand Chamàn

Nous embarquons donc vers 14 h. sur un bateau de bois qui doit nous mener en une quinzaine d'heures à Contamanà, petite ville tranquille sur les bords du Rio Ucayali, et nous accrochons nos hamacs sur le pont comme les autres passagers pendant que l'équipage charge des tonnes de marchandises pour ravitailler la région. Pendant le parcours, il n'y a rien d'autre à faire que de contempler le paysage en se balançant mollement; la caricature du voyage dans la Selva.
Alors que la nuit tombe, Sebastián et moi nous installons sur la proue du navire, loin du bruit du moteur, où nous avons l'impression de planer à moins d'un mètre au-dessus de l'eau et d'être nous aussi les rois du monde, tel Leonardo Di Caprio dans "Titanic". Une fois l'obscurité totale, le pilote naviguant à vue sans l'aide d'aucun instrument, un membre de l'équipage sonde le paysage à intervalle régulier à l'aide d'un petit projecteur pour ne pas se perdre dans un bras mort du rio ou éviter les épaves flottantes. Parfois la lumière allume des petits points rouges sur la berge; le rayon se reflète dans les yeux des caïmans. Puis le dos brillant d'une créature perce lentement les eaux du fleuve; le bateau vient de croiser un dauphin.

Nous arrivons à Contamaná le lendemain, avec quelques heures de retard. En saison sèche, le niveau des cours d'eau baisse de plusieurs mètres, et l'équipage doit parfois sonder le fond à l'aide d'une longue perche à la recherche d'un passage qui nous évite de nous planter dans la vase. Nous progressons alors au ralenti, et sommes même parfois obligés de reculer pour retrouver un bon canal. Au petit matin, lors d'une de ces manoeuvres, un groupe de dauphins roses surgit de nulle part, tourne autour du bateau et continue sa route en nous indiquant au passage la route à prendre...
Mis à part Sebastián qui a réussi Dieu sait comment à s'endormir, ni Avelardo ni moi n'avons fermé l'oeil de la nuit à cause du bruit infernal du moteur. Nous ne faisons donc pas grand-chose de la journée, ni le lendemain d'ailleurs, à part errer dans Contamaná et préparer les vivres pour les quelques jours où nous serons isolés en pleine Selva.

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