28.06 au 01.07 : Plein nord

28 heures de bus consécutives juste après mes 3 jours d'odyssée aérienne ne m'enchantent guère, aussi je décide de sortir le grand jeu: pour 20 francs de plus, je passe de la catégorie "Semi Cama" (un siège d'autobus standard) à la catégorie "Salón Cama". Le confort dépasse largement celui d'un avion de ligne en classe "touriste"; en fait, les fauteuils voluptueusement rembourrés et largement inclinables font passer le siège de commandement du Capitaine Kirk dans "Star trek" pour un vulguaire tabouret de bar.
Pendant que je sombre dans un état semi-comateux en me croyant aux commandes de l'"Enterprise", exclusivement nourri de ce que je nomme désormais "Travel-Junk-Food" (sandwich jambon-fromage au pain mou et jus industriel au goût improbable - une version chaude de ces mets circule dans les avions), le bus s'enfonce dans le désert de l'Atacama.

Pour les derniers de la classe, je résume: L'Atacama, qui s'étend du Sud de l'Equateur jusqu'au 1er tiers du Chili en traversant le Pérou, c'est le désert absolu, par certains côtés pire que le Sahara. Moins de précipitations, quasiment pas d'oasis, pas de faune, pas de flore, du sable, rien que du sable et des montagnes érodées de minéraux multicolores. Enlevez l'oxygène et vous aurez une bonne approximation de la planète Mars en un peu moins rouge, encore que les flamboyants couchers de soleil viennent régulièrement en corriger la couleur.
Bon, on se dit qu'au moins on va avoir chaud; raté, en hiver on supporte un pull, et la nuit ça caille franchement. Et si on s'éloigne de la côte, franchement en dessous de zéro, même. Alors il va y avoir du soleil, au moins? Même pas, c'est un désert sans pluie mais avec du brouillard à profusion. Donc, si vous cherchez un endroit pour vous perdre dans la brume, avoir des engelures et finalement mourir de soif vous venez de trouver l'endroit idéal...

Arica, dernière ville chilienne avant le Pérou, n'est pas vraiment un endroit indispensable à visiter. Des rues touristiques trop touristiques, et des rues pas touristiques vraiment très sudaméricaines. Je ne m'étendrai pas non plus sur l'église conçue par un certain Effeil; quand on voit le résultat on se dit que les Français ont eu bien de la chance avec la tour à Gustave. Si je suis là, c'est uniquement parce que c'est sur la route de La Paz, mais en discutant avec d'autres touristes je découvre qu'une des merveilles du Chili est à 4 heures de route: Le Parc National Lauca, absolument immanquable paraît-il, bien que les autres fois je l'aie manqué quand même.
Cette fois, effectivement, je n'y couperai pas, car les autres routards ont su instinctivement trouver les mots justes, les mots qui font rêver: Désolation, froid, altitude extrême, oedème cérébral. Pas de doute, cet endroit est taillé pour moi. Départ demain à 6h30 jusqu'au village de Putre, et de là je verrai bien. Silence radio pour quelques jours!

Comments

[Roro]

Ta description à l'air idéal pour s'y rendre en famille, avec 3 enfants en bas âge: "les mots qui font rêver: Désolation, froid, altitude extrême, oedème cérébral." , prends les adresses des Hôtels, qui proposent Jacuzzi, Cable TV et Internet, aussi air conditionné, stp... Bonne route...