09.07 au 13.07 : Un poquito màs de La Paz

Erik et Anita étant partis vivre leurs propres aventures, je me retrouve dans un dortoir à quatre lits. Tourbillon de nomades divers et bigarrés. Trois jeunes gazelles, festival de petites culottes, elles virevoltent, s'étalent, se dispersent, le sol est jonché de vêtements, de souvenirs, de livres, c'est un tsunami dans un parc aux biches. Trois hommes et ça tousse, ça grogne, c'est efficace et stratégique, pas une courroie ne dépasse du sac; c'est la fosse aux ours. Avec les meubles, je suis le seul élément immuable de la pièce, qui aimerait bien un peu plus de panachage dans les arrivages, et qui sent le sac à dos lui démanger fortement.

Oui, je ressens déjà l'appel du large, mais à ce rythme là je vais rapidement me retrouver au bout de mon itinéraire bolivien sans savoir quoi faire d'ici à la belle saison en Patagonie. Du coup je commence à lorgner en dehors de la carte, songe à partir dans l'impro totale. Et pourquoi pas un petit crochet par le Pérou? Une fois à Copacabana, au bord du Lac Titicaca, je ne suis plus qu'à quelques heures de sites intéressants. Cuzco me paraît à cette époque trop bondée de touristes pour être supportable, mais Arequipa, toute proche avec son architecture coloniale et ses environs pleins de ressources, me paraît fort attirante. Et ensuite, qui sait?

Cependant une bonne tourista me laisse hors service pendant 48 heures, et de toute façon je dois être ici le 14 au matin, car j'ai décidé de m'offrir un petit délire personnel. Pour 120 Dollars, un guide peut m'emmener en trois jours à 6088 m. d'altitude, au sommet du Huayna Potosi; c'est une ascension facile, rien que de la marche, la difficulté résidant évidemment dans l'altitude, mais depuis que j'ai atteint 5550 m. dans l'Himalaya je rêve de dépasser cette limite, et nulle part au monde je ne pourrais le faire aussi facilement et pour si peu d'argent.
Je suis donc bloqué à La Paz, et je fais passer le temps comme je peux. Je traîne dans la rue, vais voir les dernières sorties au ciné, et fais un tour d'une journée parmi les plus populaires chez les vacanciers stressés: Chacaltaya et la "Valle de la Luna".

Ma prochaine adresse: le Huayna Potosi (vu depuis la route  de Chacaltaya)

A Chacaltaya, sommet proche de la capitale réputé pour être la piste de ski la plus haute du monde (une plaque de neige glacée de 500 m. de long de plus en plus rabougrie), je crache déjà mes poumons alors que nous ne sommes qu'à 5400 m. Il est vrai que je viens quand même de gagner 2000 m. en 1 h.30! Mais la vue est fantastique; on voit La Paz plonger dans son cañon, le lac Titicaca, et jusqu'au volcan Sajama, pourtant distant de plusieurs centaines de kilomètres à vol d'oiseau. Et tout proche le Huayna Potosi, dont je me demande bien dans quel état je vais atteindre le sommet - si je l'atteins un jour...
Vers la fin de l'après-midi, plongée au-delà des beaux quartiers de la ville vers la "Vallée de la Lune", une étonnante formation géologique de pitons rocheux sculptés par l'eau et le vent. Le type qui a conçu ce tour est un génie; en quelques heures, on passe du point le plus haut au point le plus bas des environs de La Paz, avec la différence de température que cela suppose, c'est-à-dire autour des 30 degrés en moyenne. On peut donc s'habiller comme on veut, on est sûr de ne jamais tomber juste, mais c'est l'occasion ou jamais de se promener en plein jour dans un désert en sous-vêtements thermiques...