Retour à La Paz, part. 1
Après un bon mois en Suisse pour les
fêtes de fin d'année, il est temps de rentrer à La Paz. On pourrait
croire que ce n'est qu'une simple routine, mais pour un esprit aussi
tordu que le mien il y a toujours de bonnes anecdotes à dégager d'un
tel voyage; rien ne se passe jamais comme prévu...
Arrivée à Lima par une température de
30 degrés, mais toujours aussi peu de soleil à cause de la spécialité
locale: La brume. C'est peu dire que j'ai hâte de m'écrouler dans un
lit; je n'ai dormi que 2 heures la veille du départ, et quelques heures
de plus dans l'avion, doucement bercé par le rugissement des réacteurs
et douillettement installé sur les sièges de bureaux qui
agrémentent la classe touriste. Je ne sais pas si vous l'avez remarqué,
mais l'épaisseur des sièges diminuent d'année en année, sans parler de
l'inclinaison qui perd régulièrement des degrés, la position couchée
étant symboliquement représentée par 10 cm. de différence par rapport à
la position assise. Les dirigeants des compagnies aériennes doivent
être d'anciens directeurs de prison qui continuent à vouloir caser à
tous prix 600 personnes dans des installations originellement prévue
pour 300, quitte à remplacer les fauteuils "club" de l'âge d'or de
l'aviation par du mobilier Ikea.
Je
saute dans le premier taxi
qui me propose un tarif raisonnable, et passe en mode "zombie" jusqu'à
ce que le chauffeur me reconnecte en me demandant de le payer d'avance
afin de faire le plein du véhicule (manoeuvre courante sous ses
latitudes). Je lui tend 20 Pesos alors qu'il entre dans la
station-service, et il tique en me disant que le prix de la course est
de 20... Dollars! Plus de 4 fois le prix normal...
Je gueule comme un porc qu'on égorge en le traitant d'escroc qui joue sur les mots. Il tente de se justifier:
-
Si vous prenez n'importe quel taxi dans la rue, vous courrez le risque
de tomber sur un voleur qui va vous dévaliser. Le service offert par
les taxis de l'aéroport est beaucoup plus sûr!
- Ouais, en effet; sûr de se faire dévaliser dès le départ!
Je lui lâche 10 Pesos, prends mes
affaires et me plante au coin de la rue; je préfère courir le risque de
ne pas me faire arnaquer par un autre taxi... Il fait maintenant nuit,
c'est l'heure de pointe (donc minimum 15 minutes d'attente avant de
tomber sur une voiture miraculeusement libre) et je suis certainement
le premier gringo à avoir jamais attendu sur ce bout de trottoir, qui plus est avec 23 Kg de bagages...
Comble
de l'ironie, le premier taxi qui s'arrête est conduit par un
chauffeur qui fait des heures sup' après avoir fini sa journée de
travail à la sécurité de... L'aéroport!
Enfin je peux m'effondrer dans un
plumard, un vrai, du genre intégralement horizontal et sans ceinture de
sécurité qui maintient les cadavres calcinés sur leur numéro de siège
respectif en cas de crash. Même hôtel, même dortoir que d'habitude, et
même employé de nuit qui m'interpelle directement par mon nom. C'est bon d'être populaire!
J'adore
ce dortoir; Parfois mixte, parfois pas (ça dépend de l'humeur des
employés et des clients), il est sans cesse traversé par une kyrielle
de jeunes et jolies blondes court vêtue qui vont utiliser la seule
salle de bain commune de l'établissement, et qui en cette saison
estivale se vautrent lascivement sur tous les fauteuils et canapés à
disposition. Ambiance décadente digne d'un lupanar de l'Empire Romain.
La
goutte de sueur qui coule de ma tempe le long de mon visage impassible
est très certainement due à la chaleur nocturne; une bonne douche
glacée, 10 heures de sommeil, et il n'y paraîtra plus...